Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monsieur, il me desplest grandement du desastre quest avenu
2au cappitaine La Balme quil aye esté si treytreusement desceu
3par son enseigne nommé le Cadet, lequel menoit la trahyson
4du chasteau. Et quant à La Balme, je ose assurer sur mon
5honneur quil en estoit aussy ignorant que moy mesmes et
6hose prandre sur mon honneur et sur ma voye il est de bonne
7part et de la plus honneste race de toutte la baronnye et desquelz
8les gallères de Marcelle se souviennent de son oncle nommé le
9patron Pellan je luy auserois fier jusques à mon honneur,
10et vous supplie croyre quil nen feit jamais consentent,
11et croy que monsieur de La Chevilliée vous en peult assurer,
12autant par linquisicion quil en a fait faire par Cure-
13bource, le quel je massure lestime fidelle ; bien
14vous suppliereyge très humblement quil me sanble que lon vous
15a par trop importuné, vous volant persuader sinistrement
16contre luy et informer par tesmoings comme lon dit
17communement des tesmoings de La Mure quil souffres
18sans estre requis quoy quil disoit. Je suys très ayse
19de son innocensse et quil desire vous aller fère la reverance
20et se purger comme innossent de se fait. Il na point
21fait difficulté rendre le chasteau comme il vous pleu
22le comander et le trouverés tous jours afectioné vous
23obéyr anse quil vous plerra luy commander. Je me
24terrey pour le presant à vous dire, monsieur, quil me
25samble je debvoys estre respecté daultant quavés
26grande persuasion des honnestes remonstrances de
27monsieur le presidant premier, monsieur Trhuchon [sic] que je
28me suis voulu employer pour vous monstrer le desir
29que jey heu dès le temps quavés prins à mariage feu
30madame de Gordes pour la proximité de nostre paranté
31et de mes enfans. Jey esté tousjours en afection vous
32estre inthime amy et afectioné à vous fère service.
33[144 v°] Je ne suis pour estre et de race de rantiers et chastelens
34ains le lieutenant de roy en Ytallie contre le duc
35de Savoye qui occupoit les terres des marquis de Saluce
36où mon grand père gagnat la bataille contre le duc de Savoye
37estant chef de sete armée ; nos tiltres ne sont pas
38estés par arrentemens ny par trafficages, ains par armes
39et de toutte ancienneté de race de grands seigneurs.
40Si je parle un peu en collère, je vous supplierey très humble-
41ment me pardonner ; et de rechief vous supplie
42croyre de mon intégrité, de la bonne volonté que jey
43à vous aymer, honorer et perpetuel service daussi bon
44queur que je vous bèse les mains très humblement,
45priant le Createur,
46monsieur, vous conserver heureusement en très bonne
47santé et longue vie. De votre mayson , à Grenoble,
48se huitiesme febvrier.
49Votre très humble et affectionné
50alié et serviteur
51sassenage
5253
[brouillon de réponse de M. de Gordes]
54[144] Monsieur, je
55receu votre
56lettre et suis
57aussi marry
58que vous de
59ce qui est
60survenu au
61Balme, de
63quoy il se po
64voyt bien garder sil
65eut volu avoyr
66bonne inteligen
67ce aveques
68le cappitaine
69Lours qui
70estoyt son
71enseigne et
72il a bien co-
73gneu que « tel
74change qui
75ne gaigne
76pas ». Je seray
77très eyse sil
78se trove inno
79cent et ne
80scay pour
81quoy vous me
82mandés que
83il vous sem
84ble que devriés
85estre respetter,
86veu que à la persua
87sion de monsieur le president
88Truchon et depuis
89que je eus espousé
90feu madame
91de Gordes, vous
92avés tousiours
93esté affectionné
94à mestre inthi
95me amy, car
96en ce qui cest
97presenté, je ne
98peusse mestre
99oblié en aucu
100ne chose de respect en
101votre endroyt ;
102et quant à ce
103que par votre lettre
104dites votre race
105nestre extraicte de rentiers ni de chasteleins, je ne vous y puis respondre, ne
106sachant loccasion de tel discours. Mays quant vous men escrirés plus,
107ouvertement, je vous y respondrey plus cleyrement. Bien advouerey je
108tousiours ce que dites de la grandeur de votre meyson et de la valeur de ceulx
109qui en sont sortis, et vous prie nestres en oppinion quon laye autre =
110[144 v°] = et mesmes moy qui vous ay tousiours aymé, estimé et
111honnoré et ce qui vous appartient, et le recognoistrés ainssi
112quant les occasions se presenteront et que jen auray le moyen.
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